Plusieurs tendances de la brouette cinématographique


La brouette traverse les films avec la discrétion qui lui est coutumière. Sa présence est le plus souvent fonction de son utilité. Elle peut être jardinière, maçonne, agricole, lavandière.

Dheepan, Jacques Audiard
L’Etabli, Mathias Gokalp
Le Grand Chemin, Jean-Loup Hubert

Elle transporte du ciment, des outils, des croix de cimetière, des bidons d’eau, des valises, en fait un peu ce qu’on veut. Elle se fond dans le décor, utilitaire et nomade, furtive et efficace.

Jeux interdits, René Clément
L’Affaire Dominici, Claude Bernard-Aubert

Plus qu’à son tour, il lui arrive de traverser le plan d’avant en arrière ou en diagonale mais le plus souvent c’est le mouvement latéral qui s’impose, de gauche à droite ou inversement.

Angel, François Ozon
Le crime est notre affaire, Pascal Thomas
Moi, Daniel Blake, Ken Loach

Les acteurs et actrices qui ne savent pas toujours quoi faire de leur bras la remercient. Quand on pousse une brouette, on a toujours l’air naturel. Matt Damon la pousse avec une aisance confondante dans Nouveau Départ.

Nouveau départ, Cameron Crowe

Jérémie Renier se débrouille également très bien.

La Promesse, Frères Dardenne
Je suis un soldat, Laurent Larivière

Louise Bourgoin a certainement suivi un stage spécialisé pour parvenir à une telle maîtrise dans l’art de pousser la brouette.  Mais la palme d’or revient à Emilie Dequenne dans J’ai oublié de te dire.

J’ai oublié de te dire, Laurent Vinas-Raymond

Il lui arrive aussi de transporter des enfants. C’est son côté ludique. L’enfant sauvage de Truffaut n’est jamais rassasié d’être balloté au son du concerto pour mandoline de Vivaldi. Pareil chez Téchiné. Le tempo est plus apaisé dans Le Roi des aulnes.

L’Enfant sauvage, François Truffaut
Les Egarés, André Téchiné
Le Roi des aulnes, Volker Schlöndorff

Dans Une Vie, on a un transport brouetté de jeune épouse. C’est assez rare. Et c’est très beau.

Une Vie, Stéphane Brizé

La brouette sert aussi à transporter un personnage ivre ou un cadavre. Elle n’est pas regardante.

Le Temps qu’il reste, Elia Suleiman
Les Patates, Claude Autant-Lara

On peut s’asseoir dans une brouette et même y piquer un somme.

Alexandre le bienheureux, Yves Robert
Un Secret, Claude Miller

Parmi les films offrant le plus de scènes avec brouettes, Jour de fête arrive en tête de liste. Tati en a placé à chaque coin de village et de champ, témoignage d’un temps où la brouette était la compagne discrète du travail des hommes. L’Incroyable histoire du facteur Cheval est également un film où la brouette est omniprésente.

Jour de fête, Jacques Tati
L’Incroyable histoire du facteur Cheval, Niels Tavernier

Les chutes avec brouette sont toujours cocasses. Bécassine s’y colle chez Podalydès et ma foi c’est un moment de déconne bretonne très réjouissant. Dans Bancs publics, Jean-Noël Brouté (eh oui !) connaît un moment de pure folie en poussant une brouette dans les allées d’un supermarché de bricolage. Bruno Podalydès serait-il brouettique comme le marquis de Camarasa, auteur mystérieux qui a écrit dans les années 1920 un ouvrage improbable de 600 pages intitulé Causeries brouettiques ? Nous l’espérons de tout cœur.

Autres :

Casque d’or, Jacques Becker
Les Diaboliques, Clouzot
Les Enfants du Paradis, Carné
L’Esprit de la ruche, Victor Erice
Poil de carotte, Julien Duvivier
L’Heure suprême, Frank Borzage
Mad Max, George Miller
L’Orphelinat, Juan Antonio Bayona
Loin de la foule déchaînée, Thomas Vinterberg
Le nouveau monde, Terrence Malick
Mon petit doigt m’a dit, Pascal Thomas

Clip : https://www.youtube.com/watch?v=au64Fs7zBQw