La brouette traverse les films avec la discrétion qui lui est coutumière. Sa présence est le plus souvent fonction de son utilité. Elle peut être jardinière, maçonne, agricole, lavandière.



Elle transporte du ciment, des outils, des croix de cimetière, des bidons d’eau, des valises, en fait un peu ce qu’on veut. Elle se fond dans le décor, utilitaire et nomade, furtive et efficace.


Plus qu’à son tour, il lui arrive de traverser le plan d’avant en arrière ou en diagonale mais le plus souvent c’est le mouvement latéral qui s’impose, de gauche à droite ou inversement.



Les acteurs et actrices qui ne savent pas toujours quoi faire de leur bras la remercient. Quand on pousse une brouette, on a toujours l’air naturel. Matt Damon la pousse avec une aisance confondante dans Nouveau Départ.

Jérémie Renier se débrouille également très bien.


Louise Bourgoin a certainement suivi un stage spécialisé pour parvenir à une telle maîtrise dans l’art de pousser la brouette. Mais la palme d’or revient à Emilie Dequenne dans J’ai oublié de te dire.

Il lui arrive aussi de transporter des enfants. C’est son côté ludique. L’enfant sauvage de Truffaut n’est jamais rassasié d’être balloté au son du concerto pour mandoline de Vivaldi. Pareil chez Téchiné. Le tempo est plus apaisé dans Le Roi des aulnes.



Dans Une Vie, on a un transport brouetté de jeune épouse. C’est assez rare. Et c’est très beau.

La brouette sert aussi à transporter un personnage ivre ou un cadavre. Elle n’est pas regardante.


On peut s’asseoir dans une brouette et même y piquer un somme.


Parmi les films offrant le plus de scènes avec brouettes, Jour de fête arrive en tête de liste. Tati en a placé à chaque coin de village et de champ, témoignage d’un temps où la brouette était la compagne discrète du travail des hommes. L’Incroyable histoire du facteur Cheval est également un film où la brouette est omniprésente.


Les chutes avec brouette sont toujours cocasses. Bécassine s’y colle chez Podalydès et ma foi c’est un moment de déconne bretonne très réjouissant. Dans Bancs publics, Jean-Noël Brouté (eh oui !) connaît un moment de pure folie en poussant une brouette dans les allées d’un supermarché de bricolage. Bruno Podalydès serait-il brouettique comme le marquis de Camarasa, auteur mystérieux qui a écrit dans les années 1920 un ouvrage improbable de 600 pages intitulé Causeries brouettiques ? Nous l’espérons de tout cœur.






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