Eloge de l’alouette


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L’alouette, madeleine de Proust du Bailleulois Francis Grembert

Francis Grembert est traducteur. Il écrit également des pièces de théâtre pour sa troupe « Tréteaux dans la nuit ». Né dans la campagne bailleuloise, il avait depuis longtemps l’idée d’écrire sur l’alouette, oiseau qui a marqué son enfance.

Par Etienne Deseure (Correspondant Local de Presse)

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« C’est un oiseau tout simplement magnifique qui mérite qu’on parle de lui et que l’on fasse son éloge ! Même si elle ne paye pas de mine avec son plumage brun et strié, son chant et son envol sont uniques ! » Ce passionné est désormais nostalgique lorsqu’il évoque l’alouette. Il regrette la raréfaction de l’oiseau dans nos campagnes. Il hésite à parler même de disparition. « Je ne suis pas ornithologue. Je ne me base pas sur des chiffres, des études mais sur mes observations et malheureusement il se fait rare. La spécificité de son chant et de son envol n’est peut-être qu’une petite chose mais c’est devenu une perte qui devrait nous alerter  ! » Il a donc choisi de rédiger un éloge à cet oiseau dont le souvenir de la présence massive lors de son enfance est resté très ancré en lui. « Il a un vol unique avec une brusque ascension en spirale suivi d’un surplace au cours duquel il chante suivi d’une descente en piquet si spécifique ! »

« Une vraie menace »

Francis décrit ce livre comme un essai littéraire. L’éditeur, lui, en parle en disant qu’il est à mi-chemin entre poésie et colère. Au-delà de l’alouette, l’auteur veut alerter sur « une vraie menace » : l’équilibre écologique qui est malmené. Et son livre aborde naturellement le problème de la biodiversité qui s’appauvrit. Mais l’alouette reste ce qui le marque le plus, faisant appel à ses souvenirs d’enfance. Il a la nostalgie de l’écoute de « ce chant le plus riche de la faune aviaire avec des séquences de plus de 500 notes durant plusieurs minutes, ce qui est exceptionnel ! Sa richesse mélodique est variable d’une région à l’autre voir d’un individu à l’autre. Je ne suis pas ornithologue mais c’est certainement le seul oiseau à chanter en volant, un chant qui vient d’en haut et invite à lever la tête pour l’observer ». En faisant des recherches chez les autres poètes qui ont traité le sujet, il s’est aperçu que presque tous l’associent à la joie. Pour lui, la raréfaction de l’alouette est donc signe de perte de joie d’observer la nature avec toutes ses richesses.

France Culture, émission du 10 mai 2023 :

Pourquoi observer les oiseaux ? Que nous apprennent-ils sur l’état de la biodiversité ? Le Book Club invite Francis Grembert et Jean-Noël Rieffel, deux auteurs passionnés d’ornithologie, pour un échange sur les oiseaux de la littérature.

France Inter, Chronique de François Morel :

Mais peut-être ne comprenez-vous pas le langage des alouettes. C’est possible. Quand, au collège, il faut choisir une deuxième langue, très peu d’élèves optent pour la langue des alouettes. L’allemand ou l’espagnol sont réputés généralement plus utiles. Ce matin, je me ferais donc interprète de l’alouette …

La traduction simultanée n’est pas facile. L’alouette a beaucoup de choses à dire.

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« Bonjour, je voulais profiter de mon passage sur les ondes pour remercier Francis Grembert. Il vient de m’écrire une lettre, une longue lettre qui commence par ces mots « Chère Madame et très joyeuse alouette, Permettez que je vous adresse ces quelques mots d’amitié puisés aux jours anciens… » La lettre est si longue qu’elle est parue en livre, un livre qui s’intitule Éloge de l’alouette. Il est sorti chez Arléa. On pourrait s’étonner qu’un livre soit adressé à une alouette parce qu’entre nous, la lecture n’est pas mon activité préférée et malgré mes plumes, l’écriture n’est pas non plus ma spécialité. Francis Grembert m’a donc écrit une lettre sans espoir de réponse. « Chère madame et très joyeuse alouette, un jour que je ne saurais dater, vous avez quitté le ciel de mon carré de plaine et j’en suis inconsolable. »

Francis Grembert s’est aperçu de mon extinction lente et sournoise. Francis Grembert s’en inquiète, s’en alarme, s’en offusque. Francis Grembert m’écrit une lettre d’amour d’un peu plus de 100 pages.

Jadis, Romain Gary écrivit une lettre à un éléphant « C’est ainsi, monsieur et cher éléphant, que nous nous trouvons, vous et moi, sur le même bateau, poussé vers le même vent puissant du rationalisme absolu. Dans une société vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs ». Romain Gary, dans sa liste, aurait pu ajouter « alouette ». « Si chacun de nous écrivait sa lettre à l’animal de son choix pour lui dire que sans lui il manquerait quelque chose à la vie, je suis persuadé que nos imaginaires, irrigués d’une puissance nouvelle, se déploieraient sur toute chose à réparer » suggère Francis Grembert.

Alors vous qui avez la plume facile, écrivez au tigre de Sunda, à l’orang-outan de Bornéo, au gorille des plaines orientales, au marsouin aptère du Yangtsé, au rhinocéros de Sumatra, écrivez sans attendre de réponse, écrivez pour que l’inéluctable recule, pour que la vie résiste… Écrivez sans espoir de réponse. Je risque de disparaitre. Pensez-vous qu’il serait plus utile d’alerter sur ma disparition en écrivant au président de la FNSEA, céréalier, agro-businessman ? Au ministre de l’agriculture qui demande à l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de revenir sur sa décision d’interdire un herbicide S-Métolachlore ? Ceux qui devraient nous protéger arment nos ennemis. Les pesticides tuent et nous les alouettes allons mourir… »

L’alouette aurait encore beaucoup de choses à dire… Écoutons-la tant que c’est encore possible.

(Je rappelle le titre du livre qu’elle évoquait : Éloge de l’alouette. Francis Grembert. Édition Arléa.)

La Croix :

Salon du livre de Gémenos, mai 2024 :